En restauration d’œuvres d’art - mon premier métier - la patience, la minutie, l’habileté manuelle, le sens des couleurs et la sensibilité artistiques sont des qualités indispensables.
Quand je me suis tournée vers la création de parures textiles, je me suis appuyée sur ce savoir-faire et cette expérience, et mon inspiration est nourrie par ces douze années au sein des musées au contact de l’Art et de la matière.
Le lien entre la restauration de sculptures et la création textile passe probablement par la polychromie des œuvres que j’ai restaurées, les artistes ayant toujours particulièrement soigné le rendu des étoffes sur les sculptures, dès l’Antiquité et jusqu’au XIXe siècle, en passant par le Moyen Age et la Renaissance, qui sont mes périodes de prédilection.
La liberté d’expression que j’ai gagnée en passant à la création me permet d’imaginer et de réaliser des pièces uniques et singulières, qui sont le reflet d’un univers très personnel, où l’on décèle à la fois mon amour de l’Art et ma passion pour la Haute Couture.
La dimension « conservation » reste présente puisque j’utilise entre autres des matériaux anciens et redonne vie, parfois, à des éléments du passé. Mais elle s’est enrichie de la liberté nouvelle d’actualiser, de détourner, d’associer les éléments selon mon goût et ma fantaisie et de m’affirmer comme créatrice.
La réutilisation de la dentelle, des galons, des boutons, de la passementerie, des motifs brodés, des boucles de ceinture ou des médaillons émaillés fait partie intégrante de ma démarche. On peut parler d’ « up-cycling », de remise en circulation de trésors hérités d’un passé plus ou moins lointain, ou de transmission d’un patrimoine. Mon talent consiste à repérer des éléments variés, issus d’époques, de techniques et de lieux divers, et à les rapprocher, à les mettre en contact, à trouver une forme par laquelle ils se mettent en valeur mutuellement.
Mes créations sont hybrides, à la limite, pour certaines, entre le bijou et le vêtement. Elles sont difficiles à classer et même à définir, de même que mon activité à proprement parler. Le terme de « parurier », quoiqu’un peu désuet, me conviendrait assez si j’avais à choisir. C’est peut-être cette « inclassabilité » et, partant, une originalité certaine, qui font ma force.
Initialement, je partais de l’idée de concevoir un collier pour aller avec une robe, de prendre la robe comme point de départ et source d’inspiration (d’où le nom de ma première marque Une robe un collier).
En parallèle, j’avais le désir, à partir des trésors précieusement conservés par mes clientes, d’inventer pour elles un bijou sur-mesure, un collier fétiche, un talisman, essentiellement conçu comme une collaboration, un dialogue.
Au fil du temps s’est opéré un recentrage sur le bijou lui-même, issu plutôt de ce que m’inspiraient spontanément mes recherches que du cadre que je m’étais fixé, le style des créations évoluant sensiblement du romantisme au baroque, de la délicatesse au spectaculaire.
D’où le concept de bijou-parure s’affirmant comme la pièce forte d’une tenue : que celle-ci soit casual (jean, tee-shirt) ou non (une petite robe noire), il se veut l’accessoire essentiel qui habille, personnalise, intrigue.
Le contact avec mes clientes reste l’une de mes priorités. Je prends grand plaisir à les guider ou à les conseiller et à jouer le rôle d’ambassadrice de mes créations. Le sur-mesure reste une option possible pour celles qui auraient un souhait particulier ou n’auraient pas trouvé tout fait le bijou de leurs rêves.